Sur le plateau... un troubadour
Sur le plateau... un troubadour
Le troubadour gascon Bernard Marti, contemporain d'Eble III de Ventadour (milieu du XIIe siècle) cite Margerides dans une de ses «pièces».
N'Eblon man ves Margarida
Lo vers per un mesatgierQu'en lui es amor jauzida
De don'e de cavalier
Et ieu soi sai ajustaire
De dos amicx d'un vejaire
N'Aimes e'n l'Estrebesquiu»
j'envoie à Messire Eble à Margerides
La chanson par un messager
Car en lui il y a amour joyeux
De dame et de chevalier
Et moi je suis ici accordeur
De deux amis sur un avis
Messire Aimes et Messire l'Estrebesquieu
Qui était ce Messire Eble ? On admet généralement qu'il s'agit d'Eble III de Ventadour. Effectivement le fief de Margerides était à cette époque vassal de Ventadour mais il était encore propriété de la famille de Margerides. Si Eble III pouvait de temps en temps séjourner au château il paraît fort peu probable que le troubadour Gascon lui adresse sa pièce ici plutôt qu'à Ventadour dont la renommée s'étendait non seulement dans toute l'occitanie mais aussi dans toute l'Europe.
On peut alors supposer que Bernard Marti s'adressait à un Eble de Margerides, lui aussi troubadour, et dont les œuvres auraient disparu. N'aurait-on pas le droit de rêver, même sans preuves, qu'un Margerides ait fait de son modeste château un centre culturel connu jusqu'en Gascogne ?
Du XIIe au XIVe siècle de notre pays vit fleurir la poésie occitane. En plus des Ventadour on peut citer les « 4 d'Ussel » (Gui, pPeire, Eble (trois frères), et leur cousin Elias) et, aux confins de l'Auvergne et du Limousin, Eble de Sanhas (Saigne, Cantal) Péirol (Rochefort Montagne, Puy-de-Dôme).
Durant toute cette période la langue limousine servait de référence de toute l'occitanie. Au 19e siècle le poète catalan Arribau écrivait le : « En Llemosi sona el meu primer vagit » (en Limousin résonne mon premier cri).Les habitants d'Elche (Elxe),à l'extrème sud du pays Valencien appellent encore leur dialecte : «El Llemosi» .
Michel ARBARET