DES PIERRES ET DES HOMMES
DES PIERRES ET DES HOMMES
Depuis toujours la pierre a été considérée par l'homme comme un symbole de force et de sécurité et si, à notre époque, les constructions utilisent d'autres matériaux, la restauration des vieilles demeures témoigne de l'intérêt porté encore à cet élément naturel.
Nos ancêtres s'abritaient dans les cavernes et confectionnaient leurs outils et leurs armes avec la pierre. Plus tard ils l'utilisèrent pour bâtir leurs habitations. Mais cette symbolique de force et de sécurité les amenèrent à donner à cette pierre une valeur « religieuse ».
Les DOLMENS ( du breton DOL ou TAOL : table et MEN : pierre) étaient des sépultures collectives matérialisant la puissance du groupe social, de la « tribu ». Certains, pourtant ne comportaient pas de « chambre funéraire ». Avaient-ils une autre signification ? À proximité du sanctuaire gallo-romain des « Pièces Grandes » (Margerides) on peut encore voir les vestiges d'un tel monument. Il n'en reste que les pierres verticales, la « table » ayant disparu. A-t'-elle été détruite lors de la christianisation du pays ou récupérée par un tailleur de pierre ?
Les menhirs (du breton MEN : pierre et HIR : longue) devaient avoir une fonction d'hommage à divinités. Ils étaient en quelque sorte un trait d'union entre le ciel et la terre, entre le surnaturel et l'homme.
Au fur et à mesure de l'évolution de l'humanité la pierre est demeurée présente dans la vie matérielle et spirituelle : habitations, châteaux, temples celtes et gallo-romains, églises etc....
Malgré l'implantation du christianisme l'homme a continué à donner aux pierres, aux roches, des fonctions « magiques », bénéfiques ou maléfiques.
Le plateau borois est riche de ces roches auxquelles ont été attribué un nom par rapport à leur forme ou leur situation, y associant parfois des légendes.
Sur la commune de Margerides et ses environs immédiats on peut répertorier :
lo roc de la fada, lo roc branlant, lo roc de l'auzelon (sur lequel un oiseau était perché en permanence), lo roc de l'esclop ( on y voit dessiné un sabot), lo roc de la fée, lo roc plat, lo roc de Madama, lo roc del Monsur, lo Pé del Diable
Deux de ces «Rocs» conservent encore leur légende.
Sur «Lo Roc de la fée», une fée filait sa quenouille et parlait avec «lo Roc Del Monsur»
Le «Monsieur» disait :
«Que fas tu mont-naut chabra bialarèla ?»
(Que fais-tu là haut, chèvre qui bêle sans cesse ?)
La fée répondait :
«Fiala ma conilha, petace mos argaus, beve ma chopina, mai me fai pas de mau»
(Je file ma quenouille, je raccommode mes habits, je bois ma chopine et en plus, cela ne me fait pas de mal).
Quant au «Pé del diable» situé à la limite de Margerides et Veyrières on raconte que le diable venant de Mialaret fut arrêté par un ruisseau. Ne voulant pas se mouiller en le traversant il posa un pied sur un rocher de l'autre rive. Son pied était tellement brûlant qu'il a laissé son empreinte dans la pierre.
En Provence un dicton affirme que si l'on veut revoir son «Pays» ou un pays que l'on aime il suffit d'en emporter une pierre. Celle-ci vous y ramènera un jour ou l'autre.
Légendes ? Superstitions ? «Biau be», peut être. Mais si l'homme attribue à la pierre tant d'importance il se pourrait qu'elle représente pour lui ce que nous avons trop tendance aujourd'hui à négliger : la beauté, la diversité, l'histoire, les traditions ...et, pourquoi pas, … l'avenir.
Michel ARBARET