Le sanctuaire Gallo-Romain
L’histoire des fouilles
Au cours des labours de l’année 1965, Monsieur Yvernat, agriculteur et Maire de la commune, a arraché dans un de ses champs des pierres de granit, des tuiles et des fragments de céramique. Intrigué par ces découvertes, il prend contact avec l’association les Amis de Val.
Cette association, dont le but était de protéger, rechercher et faire connaître ce qui se rapporte au patrimoine culturel de la région de Bort, fait appel au groupe archéologique du Camping-Club de France pour entreprendre des fouilles en commun.
Durant 3 jours, plus de 10 tranchées de sondage ont été ouvertes sans obtenir de résultats. Il a été finalement décidé d’entreprendre un sondage sur un autre site, car entre temps, Monsieur Lareuze, agriculteur, avait fait savoir qu’il avait découvert, il y a une dizaine d’années, des vestiges importants. En effet, en voulant extraire de son champ, ce qu’il pensait être des rochers, il avait creusé en plusieurs points et n’avait en réalité rencontré que des murs très solides entièrement maçonnés à la chaux, des tuiles et de gros fragments de vases ; le tout ayant été recouvert.
Le terrain incultivable avec les moyens modernes a été mis en pâture pendant quelques années, puis envahi par la végétation. C’est au milieu d’un véritable maquis de fougères que le premier sondage a été entrepris le 14 juillet 1965.
Site archéologique - Plan
- A1 - A9 - A12 : "Fana"
- A8 - A10 - A11 - A5 : Autels de dépots d'offrandes
- A4 : Bâtiment de résidence des Prêtres (?)
- A2 : Bâtiment d'accueil des pèlerins (?)
1: "Cella"
Lieu où était exposé la statue de la divinité et où seuls les prêtres avaient accès.
2: "Déambulatoire"
Couloir faisant le tour de la Cella et destiné aux processions des fidèles.
Site archéologique - PRAAT
Le sanctuaire de Margerides s’inscrit dans un réseau de sites gallo-romains en Limousin. Cette terre a, en effet, révélé de nombreux vestiges de l’époque antique.
C’est la raison pour laquelle, le Pôle Régionale d’Archéologie Antique de Tintignac a été créé en 2007 pour développer la recherche, la protection, la valorisation et l’animation des sites antiques du Limousin.
Ce pôle s’organise autour d’un ensemble majeur : le site de Tintignac autour duquel gravite d’autres sites remarquables et notamment ceux des Cars et de Margerides.
- Le site de Tintignac (Naves) compte quatre bâtiments publics : un fanum (temple gallo-romain), un théâtre, un « tribunal » et un bâtiment en hémicycle ; la fonction de ces deux derniers édifices reste encore énigmatique.
- Le site des Cars (Pérols-sur-Vézère) est représentatif des propriétés rurales privées de l’époque. Ces dernières associent souvent un domaine agricole, la résidence du propriétaire et un ou plusieurs mausolées.
- Le site de Margerides est constitué de trois fana (du singulier fanum). Un fanum est un temple gallo-romain abritant une divinité.
Ces sites, occupés à la même époque à savoir du 1er siècle (avt JC) au 4ème siècle (apr JC), offrent un panel d’édifices antiques à la fois complémentaires sur le plan de leur nature (édifices publics, religieux, privés) et comparables avec la présence de plusieurs fana sur les sites de Tintignac et de Margerides.
Site archéologique - Objets
La poursuite des fouilles a permis de mettre au jour de nombreux objets.
La déesse-mère
Devant la porte du grand fanum gisait face contre terre la statue d’une déesse-mère en pierre.
Cette statue a été sculptée dans de la cinérite (roche volcanique) vraisemblablement extraite des carrières du Puy Menayre à Menet (Cantal). Elle représente une femme assise sur un fauteuil, vêtue d’une robe retombant en larges plis ; la tête manque, le cou est orné d’un torque (collier celte) bouleté. Elle tient dans la main gauche et sur le genou un objet indéterminé de forme à peu près carré et mutilé.
Datant du début du 1er siècle (apr JC), la déesse-mère est une divinité champêtre, déesse de l’abondance. Le culte de la déesse-mère est, avec Mercure, celui qui a persisté le plus longtemps chez les Lémovices et les Avernes.
Cermunos
Lors de la campagne de fouilles de 1966, une statuette en bronze a été découverte. Il s’agit d’un personnage barbu, entièrement vêtu et chaussé de sandales. De sa tête partent deux bois de cerf dont un est brisé. L’avant bras gauche est sectionné au niveau du poigné. Il tient dans la main droite un torque.
Il semble faire aucun doute que cette statuette représente le Dieu Cermunos, datant du 1er siècle (apr JC). Cermunos signifie le cornu. Dieu de l’abondance, il est aussi dieu de la nature et le maître des animaux.
Faustine La Jeune
Le 11 juillet, en nettoyant les plans de fouilles de la campagne 1972, une tête de statue de 42 cm de haut et pesant 31kg a été mise au jour. Sculptée dans de l’andésite (pierre volcanique), elle représente une femme avec une coiffure à chignon.
Cette statue qui remonterait à la fin du 2ème siècle (apr JC) représente l’impératrice Faustine La Jeune, femme de l’Empereur Marc-Aurèle.
Les monnaies
L’étude des monnaies a permis de dresser une chronologie de l’occupation du site depuis l’époque gauloise jusqu’au début du 5ème siècle de notre ère.
Par le nombre de monnaies retrouvées, il est certain que ce site a été occupé à l’époque gauloise. En revanche, il semble que la transposition sous l’occupation romaine ne se soit pas faite sans quelques difficultés, puisqu’il faut attendre la deuxième moitié du 1er siècle pour retrouver une monnaie isolée pouvant marquer le début de cette nouvelle occupation.
Divers objets
Il a été également découvert un petit coq, un petit bélier, deux petits sangliers, une pince à épiler, une fibule (épingle en métal qui servait à fixer les vêtements)…
Site archéologique - Architecture
La découverte du sanctuaire
Au bout de 3 jours et après un sérieux travail de défrichage, une salle carrée de 7 mètres de côté était dégagée. Le soin apporté à la construction des murs et la forme du bâtiment avec son ouverture à l’est ont fait penser qu’il s’agissait d’un établissement public : un temple appelé fanum (au pluriel fana).
Le fanum : une architecture gallo-romain
Les romains vénéraient leurs dieux dans des temples, édifices de plan rectangulaire. Ils étaient composés de deux salles : la cella et le pronaos (vestibule), le tout étant entouré par une colonnade.
Avant la conquête, les gaulois édifiaient pour leurs dieux des sanctuaires de bois : au milieu d’un enclos, ils construisaient un édifice carré en bois ouvert à l’est.
Le fanum résulte de ces deux architectures. Le bâtiment se compose de deux carrés emboîtés l’un dans l’autre. Le carré central est la cella, autour de laquelle se développe une galerie de circulation large.
Les pratiques religieuses
La cella, salle abritant la divinité, était interdite au public, seuls les prêtres y avaient accès. Les fidèles déambulaient dans la galerie et déposaient des offrandes sur les autels situés à l’extérieur.